Fitta BOUCHHEID, enseignante au DITEP La Forge depuis cinq ans, a remporté en novembre la médaille de bronze lors des championnats du monde vétérans de judo organisés à Paris. Un exploit sportif qu’elle dédie avant tout… à ses élèves.
« Leur rapporter quelque chose comptait beaucoup pour moi. Leur quotidien n’est pas toujours simple. Savoir que leur maîtresse réussit peut devenir pour eux une fierté, une source d’inspiration, et leur montrer qu’il ne faut jamais rien lâcher. Ils me suivent, me soutiennent et m’encouragent… on sent qu’ils ont vraiment envie que je réussisse. »
Une judokate passionnée et persévérante
« J’ai commencé le judo à l’âge de quatre ans, grâce à mes deux frères plus grands. J’ai arrêté lorsque j’ai eu mes enfants, puis j’ai repris. Cela fait maintenant plus de trente ans que je pratique. »

Aujourd’hui, licenciée à Colmar Judo, Fitta évolue en catégorie -48 kg. Elle s’entraîne deux fois par semaine, et pratique aussi la natation et la course à pied. Au championnat du monde, elle s’est présentée étonnamment sereine : « C’est la compétition où j’ai été la plus détendue. Je me suis mise dans ma bulle, musique « Pump It » des Black Eyed Peas, dans les oreilles. J’étais concentrée, pas stressée.»
Et quand la médaille de bronze est tombée ?
« De la joie, tout simplement. Chacun se fixe ses propres défis, et cette médaille était le mien. À voir celui de l’année prochaine ! »
Prochain rendez-vous : le tournoi de Lille en janvier, et elle espère former une équipe pour participer au Tournoi de France vétérans.
L’enseignement comme défi et comme moteur
Avec ses élèves, souvent confrontés à des troubles du comportement, Fitta travaille chaque jour à leur donner confiance, à les ouvrir au monde, à leur montrer qu’ils ont leur place.
« Notre objectif, c’est l’inclusion. On part parfois de très loin, mais on avance, et on finit par y arriver. »
Elle multiplie les projets pour les sortir de leur quotidien : prix de l’audace artistique et culturelle, classes vertes, classe de mer, projet autour de la protection de l’océan, sorties jusqu’à Paris… « Travailler autrement, ça les embarque vraiment. Ce sont de chouettes enfants. ». Elle transmet à ses élèves la même philosophie que celle qui la porte sur le tatami : « Ce n’est pas facile tous les jours, mais quand on se donne les moyens, on progresse. Même quand on échoue, c’est juste que ce n’était pas le bon jour. Il ne faut jamais rien lâcher. »
Lorsque ses élèves se sont rassemblés pour l’encourager derrière l’écran lors des championnats du monde vétérans de judo à Paris et qu’elle a découvert les vidéos qu’ils avaient filmées le jour J, l’émotion l’a submergée : « J’ai pleuré. Ils étaient tellement touchants. Ma collègue avait organisé une matinée spéciale, tous étaient là pour me soutenir. Voir ce lien si fort se créer… j’ai compris que nous avions réussi quelque chose d’unique. »
Pour relater et faire connaître ce parcours inspirant, Anthony et Antoine, âgés de 11 et 10 ans, ont pris le rôle de journalistes en herbe dans le cadre d’un projet mené avec Élodie Lesaing, éducatrice spécialisée au DITEP La Forge. Curieux et appliqués, ils ont interviewé leur enseignante, lui posant toutes sortes de questions sur son parcours et son vécu lors de cette compétition. Le fruit de leur travail sera bientôt à découvrir dans un article.

Fitta, une enseignante qui inspire
Son parcours sportif, comme son engagement quotidien auprès de ses élèves, se rejoignent dans une même énergie : le courage, la patience, la persévérance.
« Avec mes élèves, on ne s’ennuie jamais. Chacun a sa particularité. On travaille différemment, mais quand je les vois réussir, je sais que cela a du sens. Ils sont reconnaissants et font désormais partie de moi. »